mardi 12 juin 2012

« Je poussai la lourde porte en bois massif. Elle s’ouvrit en un grognement, puis des feuilles mortes s’engouffrèrent dans le manoir, en guise d’éclaireurs. Mes pas résonnèrent dans le hall. J’écoutai leurs échos s’entrechoquer dans toute la pièce, pour aller s’évanouir dans les hauteurs des escaliers, au fond. D’un regard d’admiration craintive, je balayai le hall de ce manoir depuis longtemps abandonné. Le carrelage était couvert d’un voile de poussière, mais je crois qu’il avait en-dessous des motifs rouges. La lumière qui transperçait les fenêtres était elle-même voilée par les résidus du temps qui se laissaient porter par la brise. Le soleil rendait cet endroit paisible ; c’était comme une ruine qui attendait que les ans l’emportent. Je m’y sentais bien, presque en sécurité : et pourtant, je savais que je ne devais pas endormir ma méfiance. Un lieu comme celui-ci renferme toujours des secrets. »

 Mitsu - Ton futur chez toi :'3

dimanche 26 juin 2011

{.Les campagnes hallucinées~*

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Ce matin, un train s'est échoué à la gare. Il a fait fuir le temps. En s'arrêtant, il lâcha un souffle d'agonie. Il se noyait dans le pétrole, était mordu par la rouille. Son souffle évanescent se muait en une faible prière.

Ses roues peinaient à le porter, ses aiguilles avaient trop cousu. La lumière silencieuse de l'aurore l'enveloppa de son linceul.

Ses yeux s'éteignirent.
La rosée pleura pour lui.

mardi 19 avril 2011

{.Impression commune~*

..Allongée dans l'herbe, Angélique Delacroix étudie. Sa robe et sa feuille sont trempées par la rosée matinale. Elle tremble un peu mais semble y être insensible. Rapidement, elle note ce qu'elle remarque sur le comportement de ses objets d'étude sur sa feuille. Après avoir posé une baguette entière de pain alors que le soleil n'était pas levé, elle s'était allongée comme ça et regardait les fourmis qui s'enfonçaient dans le pain pour en ressortir avec un morceau.
..Marche régulière, sur un chemin invisiblement tracé, devant être parfois dévié par un pétale tombé ou par quelqu'autre obstacle. Elles font un détour quand il y a des pétales, mais elles montent sur le doigt d'Angélique. C'est un mystère qu'elle se promet de résoudre plus tard.
..Son stylo a percé la feuille mouillée de toutes parts alors qu'elle tentait d'y écrire. Elle s'en fiche: si l'encre ne veut pas rester sur la feuille, elle s'insinue dans son esprit. Angélique a tout retenu depuis son arrivée.
..Soudain, elle note autre chose: le mouvement arbitraire de leurs antennes. Au début, elle pensait que rien ne différenciait les fourmis; comme des machines, tous leurs mouvements étaient égaux à ceux des autres. Mais chacune oriente ses antennes de sa façon ou ne les oriente pas, peut-être pour mieux percevoir quelque chose qui a attiré leur attention. Toutes les fourmis sont différentes. Angélique leur donnera des noms.
..Mais elle doit s'arracher de son étude quand un homme lui dit bonjour; elle lui répond vaguement et se dit qu'elle l'a déjà vu quelque part.